Seigneur, je veux ici trois tabernacles faire

Seigneur, je veux ici trois tabernacles faire,
L'un dedans les pertuis de tes sanglantes mains,
L'autre en ceux de tes pieds, le tiers en ces lieux saints
Que ton côté nous ouvre, assuré salutaire.

J'irai de l'un à l'autre en visite ordinaire
Y veiller, y prier, et plein de beaux desseins
Chercher le bien parfait des bonheurs souverains,
Ne sachant chose ailleurs qui me peut satisfaire.

Or en celui des mains sera tout mon plaisir,
Or en celui des pieds, mais toujours un désir
À celui du côté portera ma pensée.

Au Fond de l'Ame Humaine

Au fond de l'âme humaine il est une région
Où ni les droits du sang ni ceux de la raison
Ni même le remords ne se sont fait entendre;
Corde sensible où rien ne touche impunément.
Tout l'être y correspond, et la dernière fibre
Cachée au fond du cœur se tord quand elle vibre;
Oh! si c'est toi surtout, Amour, Dieu tout-puissant
Qui l'a frappée, alors, pareil à l'homicide,
Le corrupteur dans l'ombre étend ses bras ardents
Et de la jeune fille innocente et timide
Sort la Bacchante nue aux yeux étincelants!

In Una Chiesa Gotica

Sorgono e in agili file dilungano
gl' immani ed ardui steli marmorei,
e ne la tenebra sacra somigliano
di giganti un esercito

che guerra mediti con l' invisibile:
le arcate salgono chete, si slanciano
quindi a vol rapide, poi si rabbracciano
prone per l' alto e pendule.

Ne la discordia cosí de gli uomini
di fra i barbarici tumulti salgono
a Dio gli aneliti di solinghe anime
che in lui si ricongiungono.

Io non Dio chieggovi, steli marmorei,
arcate aeree: tremo, ma vigile:

Espérance, L'

L'Espoir! toujours l'espoir! Ah! gouffre insatiable,
N'as-tu donc pas assez englouti d'univers?
Ne soupçonnes-tu pas, sans trêve, en la nuit lamentable,
Les astres te hurler plus nombreux que le sable
Leur désillusion en sinistres concerts?

Rien n'arrachera donc tes racines profondes,
Vieil arbre de l'Instinct aux vivaces rameaux?
Gerbe unique du Mal, bégaiement des berceaux
Et râle inassouvi des sphères moribondes,
D'où viens-tu? toi, sans qui, les cieux au lieu de mondes
Depuis l'Eternité rouleraient des tombeaux!

Têtes de Morts, Les

Voyons, oublions tout, la raison trop bornée
Et le cœur trop voyant; les arguments appris
Comme l'entraînement des souvenirs chéris;
Contemplons seule à seul, ce soir, la Destinée.

Cet ami, par exemple, emporté l'autre année,
Il eût fait parler Dieu!—sans ses poumons pourris,
Où vit-il, que fait-il au moment où j'écris?
Oh! le corps est partout, mais l'âme illuminée?

L'âme, cet infini qu'ont lassé tous ses dieux,
Que n'assouvirait pas l'éternité des cieux,
Et qui pousse toujours son douloureux cantique,

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