L'aumone
C'est le soir, l'heure du poète,
Le laboureur quitte son champ,
La nature devient muette
Aux splendeurs du soleil couchant.
Là-bas, au pied de la colline,
Sur un lit mouflu de gazon,
S'arrête Rose l'orpheline,
Pour voir les feux de l'horizon.
C'est une fille de Bohème
Qui traîne son mauvais destin ;
Sa voix a la grâce suprême,
Quand elle a jeûné le matin !
Un chasseur, battant la pâture,
Vient à passer sur son chemin ;
Soudain la pauvre créature
Se lève en lui tendant la main.
Si blanche était la main de Rose !
Sentant ses lèvres s'embraser,
Le jeune chasseur y dépose
L'aumône du cœur : — un baiser.
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