A M. le Marquis de Villette. Les Adieux du Vieillard

Adieu , mon cher Tibulle, autrefois si volage,
Mais toujours chéri d'Apollon,
Au Parnasse fète comme aux bords du Lignon,
Et dont l'Amour a fait un sage.
Des champs élysiens, adieu, pompeux rivage,
De palais, de jardins, de prodiges bordé,
Qu'ont encore embelli, pour l'honneur de notre àge,
Les enfants d'Henri-Quatre et ceux du grand Condé;
Combien vous m'enchantiez, Muses, Graces nouvelles,
Dont les talents et les écrits
Seraient de tous nos beaux esprits
Ou la censure ou les modeles!
Que Paris est changé! les Velches n'y sont plus.
Je n'entends plus siffler ces ténébreux reptiles,
Les Tartuffes affreux, les insolents Zoïles:
J'ai passé; de la terre ils étaient disparus.
Mes yeux, après trente ans, n'ont vu qu'un peuple aimable,
Instruit, mais indulgent, doux, vif, et sociable.
Il est né pour aimer: l'élite des Français
Est l'exemple du monde, et vaut tous les Anglais.
De la société les douceurs desirées
Dans vingt états puissants sont encore ignorées:
On les goûte à Paris; c'est le premier des arts.
Peuple heureux, il naquit, il regne en vos remparts.
Je m'arrache en pleurant à son charmant empire;
Je retourne à ces monts qui menancent les cieux,
A ces antres glacés où la nature expire:
Je vous regretterais à la table des dieux.
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