O muse, contiens-toi! muse aux hymnes d'airain!
O muse, contiens-toi! muse aux hymnes d'airain!
Muse de la loi juste et du droit souverain!
Toi dont la bouche abonde en mots trempes de flamme,
Étincelles de feu qui sortent de ton âme,
Oh! ne dis rien encore et laisse-les aller!
Attends que l'heure vienne o u tu puisses parler
Endure le spectacle en vierge resignee.
Qu'a peine un mouvement de ta levre indignee
Revele ton courroux au fond du caeur grondant.
Dans ce siecle o u chacun, noyant ou fecondant,
Se repand au hasard comme l'eau d'un orage,
O u l'on ne voit partout qu'impuissance et que rage,
Qu'inutiles fardeaux qu'on s'obstine a rouler,
Que Samsons ecrases sous ce qu'ils font crouler,
Le plus fort est celui qui tient sa force en bride.
L'ocean quelquefois montre a peine une ride.
Jusqu'au jour d'eclater, plus proche qu'on ne croit,
Ne te depense pas. Qui se contient s'accroit.
Aie au milieu de tous l'attitude elevee
D'une lente deesse a punir reservee,
Qui, recueillant sa force ainsi qu'un saint tresor,
Pourrait depuis long-temps et ne veut pas encor!
Va cependant! — contemple et le ciel et le monde.
Et que tous ceux qui font quelque travail immonde,
Que ces trafiquants vils epris d'un sac d'argent,
Que ces menteurs publics, au langage changeant,
Pleins de mechancete dans leur âme hypocrite
Et dores au dehors de quelque faux merite,
Tous ceux, grands ou petits, que marque un sceau fatal,
Que l'envieux bâtard accroupi dans le mal,
Que ce tribun valet, plus lâche qu'une femme,
Qui dans les carrefours vend sa parole infâme.
Toujours prêt pour de l'or a souffleter la loi.
Forgeant l'emeute au peuple ou la censure au roi,
Que l'ami faux par qui la haine s'ensemence,
Et ceux qui nuit et jour occupent leur demence
D'une orgie effrontee au tumulte hideux,
Te regardent passer tranquille au milieu d'eux,
Saluant gravement les fronts que tu reveres,
Muette, et l'aeil pourtant plein de choses severes!
Fouille ces caeurs profonds de ton regard ardent.
Et que, lorsque le peuple ira se demandant;
— Sur qui donc va tomber, dans la foule eperdue,
Cette foudre en eclairs dans ses yeux suspendue? —
Chacun d'eux, contemplant son aeuvre avec effroi,
Se dise en frissonnant C'est peut-être sur moi!
En attendant, demeure impassible et sereine.
Qu'aucun pan de ta robe en leur fange ne traine;
Et que tous ces pervers tremblent des a present
De voir aupres de toi, formidable et posant,
Son ongle de lion sur ta lyre etoilee,
Ta colere superbe a tes pieds muselee!
Muse de la loi juste et du droit souverain!
Toi dont la bouche abonde en mots trempes de flamme,
Étincelles de feu qui sortent de ton âme,
Oh! ne dis rien encore et laisse-les aller!
Attends que l'heure vienne o u tu puisses parler
Endure le spectacle en vierge resignee.
Qu'a peine un mouvement de ta levre indignee
Revele ton courroux au fond du caeur grondant.
Dans ce siecle o u chacun, noyant ou fecondant,
Se repand au hasard comme l'eau d'un orage,
O u l'on ne voit partout qu'impuissance et que rage,
Qu'inutiles fardeaux qu'on s'obstine a rouler,
Que Samsons ecrases sous ce qu'ils font crouler,
Le plus fort est celui qui tient sa force en bride.
L'ocean quelquefois montre a peine une ride.
Jusqu'au jour d'eclater, plus proche qu'on ne croit,
Ne te depense pas. Qui se contient s'accroit.
Aie au milieu de tous l'attitude elevee
D'une lente deesse a punir reservee,
Qui, recueillant sa force ainsi qu'un saint tresor,
Pourrait depuis long-temps et ne veut pas encor!
Va cependant! — contemple et le ciel et le monde.
Et que tous ceux qui font quelque travail immonde,
Que ces trafiquants vils epris d'un sac d'argent,
Que ces menteurs publics, au langage changeant,
Pleins de mechancete dans leur âme hypocrite
Et dores au dehors de quelque faux merite,
Tous ceux, grands ou petits, que marque un sceau fatal,
Que l'envieux bâtard accroupi dans le mal,
Que ce tribun valet, plus lâche qu'une femme,
Qui dans les carrefours vend sa parole infâme.
Toujours prêt pour de l'or a souffleter la loi.
Forgeant l'emeute au peuple ou la censure au roi,
Que l'ami faux par qui la haine s'ensemence,
Et ceux qui nuit et jour occupent leur demence
D'une orgie effrontee au tumulte hideux,
Te regardent passer tranquille au milieu d'eux,
Saluant gravement les fronts que tu reveres,
Muette, et l'aeil pourtant plein de choses severes!
Fouille ces caeurs profonds de ton regard ardent.
Et que, lorsque le peuple ira se demandant;
— Sur qui donc va tomber, dans la foule eperdue,
Cette foudre en eclairs dans ses yeux suspendue? —
Chacun d'eux, contemplant son aeuvre avec effroi,
Se dise en frissonnant C'est peut-être sur moi!
En attendant, demeure impassible et sereine.
Qu'aucun pan de ta robe en leur fange ne traine;
Et que tous ces pervers tremblent des a present
De voir aupres de toi, formidable et posant,
Son ongle de lion sur ta lyre etoilee,
Ta colere superbe a tes pieds muselee!
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