Tristesse D'Olovio, 1

Les œufs n'étaient point frais, la chair n'était pas bonne,
Non. Le plat noir bavait sur la main de la bonne
Un triste ruisselet.
Olovio, souffrant, défaillait sur sa chaise.
Une odeur d'hôpital et de Père-Lachaise
S'élevait du poulet.

Le veau, le bar, les choux frits dans la même poêle.
Dans le même torchon sentaient la vieille toile
Et le poisson pourri.
En disséquant (de loin) le petit sot-l'y-laisse,
On trouvait un ver blanc, nu comme une diablesse,
Mais vif, et bien nourri.

A peine sur la table un filet de bourrique
Exhala deux soupirs d'acide sulfurique
Et deux larmes d'azur.
On vit même au dessert un spectre de fromage.
Franchissant la faïence et la nappe à ramage,
Chercher un air plus pur.

D'innombrables humeurs coulaient des côtelettes.
Les champignons brillaient au flanc des poires blettes,
Moisissaient le sirop.
Et, cachant la pâleur de sa bouche entr'ouverte,
Olovio criait devant la viande verte:
«Vous nous gâtez! C'est trop!»
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