Avatar

Près du Tigre, sous des papillons mouvants,
Dans un jardin de marbre où chante une piscine,
Autrefois je dormis. Une jeune Abyssine
Fort chaste m'enivrait de ses baisers savants.

Plus tard, dans mes palais, des condamnés vivants
flambaient très clair, enduits de poix et de résine,
Et les fleurs embaumaient. — J'ai forcé des couvents
Et des nonnes, sous une armure sarrasine,

On s'en souvient ! — Farouche, à la luxure enclin,
Je me fis franc archer pour suivre Duguesclin,
Et je fus très-aimé de deux bohémiennes…

Or, maintenant j'attends l'Avatar inconnu,
Et, le cœur plein de ces femmes qui furent miennes,
Je suis chanteur lyrique et je couche tout nu.

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