On N'offense Que Dieu Qui Seul Pardonne

On n'offense que Dieu qui seul pardonne.

Mais
On contriste son frère, on l'afflige, on le blesse,
On fait gronder sa haine ou pleurer sa faiblesse,
Et c'est un crime affreux qui va troubler la paix
Des simples, et donner au monde sa pâture,
Scandale, coeurs perdus, gros mots et rire épais.

Le plus souvent par un effet de la nature
Des choses, ce péché trouve son châtiment
Même ici-bas, féroce et long communément.
Mais l'Amour tout-puissant donne à la créature

Vous Reviendrez Bientôt, Les Bras Pleins De Pardons.

Vous reviendrez bientôt les bras pleins de pardons
Selon votre coutume,
O Pères excellents qu'aujourd'hui nous perdons
Pour comble d'amertume.

Vous reviendrez, vieillards exquis, avec l'honneur
Avec sa Fleur chérie,
Et que de pleurs Joyeux, et quels cris de bonheur
Dans toute la patrie!

Vous reviendrez, après ces glorieux exils,
Après des moissons d'âmes,
Après avoir prié pour ceux-ci, fussent-ils
Encore plus infâmes,

Qu'en Dis-Tu, Voyageur, Des Pays Et Des Gares?

Qu'en dis-tu, voyageur, des pays et des gares?
Du moins as-tu cueilli l'ennui, puisqu'il est mûr,
Toi que voilà fumant de maussades cigares,
Noir, projetant une ombre absurde sur le mur?

Tes yeux sont aussi morts depuis les aventures,
Ta grimace est la même et ton deuil est pareil;
Telle la lune vue à travers des mâtures,
Telle la vieille mer sous le jeune soleil.

Tel l'ancien cimetière aux tombes toujours neuves!
Mais voyons, et dis-nous les récits devinés,
Ces désillusions pleurant le long des fleuves,

J'avais Peiné Comme Sisyphe

J'avais peiné comme Sisyphe
Et comme Hercule travaillé
Contre la chair qui se rebiffe.

J'avais lutté, j'avais bâillé
Des coups à trancher des montagnes,
Et comme Achille ferraillé.

Farouche ami qui m'accompagnes,
Tu le sais, courage païen,
Si nous en fîmes des campagnes.

Si nous n'avons négligé rien
Dans cette guerre exténuante,
Si nous avons travaillé bien!

Le tout en vain: l'âpre géante
A mon effort de tout côté
Opposait sa ruse ambiante.

Et toujours un lâche abrité

Charleroi

Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.

Quoi donc se sent?
L'avoine siffle.
Un buisson giffle
L'oeil au passant.

Plutôt des bouges
Que des maisons.
Quels horizons
De forges rouges!

On sent donc quoi?
Des gares tonnent,
Les yeux s'étonnent,
Où Charleroi?

Parfums sinistres?
Qu'est-ce que c'est?
Quoi bruissait
Comme des sistres?

Sites brutaux!
Oh! votre haleine,
Sueur humaine,
Cris des métaux!

Walcourt

Briques et tuiles,
O les charmants
Petits asiles
Pour les amants!

Houblons et vignes,
Feuilles et fleurs,
Tentes insignes
Des francs buveurs!

Guinguettes claires,
Bières, clameurs,
Servantes chères
A tous fumeurs!

Gares prochaines,
Gais chemins grands...
Quelles aubaines,
Bons juifs errants!

La Bonne Chanson

I

Le soleil du matin doucement chauffe et dore.
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'on sort sans autre but que de sortir; on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moments un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.

Mais le songeur aime ce paysage

Cythère

Un pavillon à claires-voies
Abrite doucement nos joies
Qu'éventent des rosiers amis;

L'odeur des roses, faible, grâce
Au vent léger d'été qui passe,
Se mêle aux parfums qu'elle a mis;

Comme ses yeux l'avaient promis,
Son courage est grand et sa lèvre
Communique une exquise fièvre;

Et l'Amour comblant tout, hormis
La Faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures.

Épilogue

I

Le soleil, moins ardent, luit clair au ciel moins dense.
Balancés par un vent automnal et berceur,
Les rosiers du jardin s'inclinent en cadence.
L'atmosphère ambiante a des baisers de soeur,

La Nature a quitté pour cette fois son trône
De splendeur, d'ironie et de sérénité:
Clémente, elle descend, par l'ampleur de l'air jaune,
Vers l'homme, son sujet pervers et révolté.

Du pan de son manteau que l'abîme constelle,
Elle daigne essuyer les moiteurs de nos fronts,

La Mort De Philippe Ii

A Louis-Xavier de Ricard.

Le coucher d'un soleil de septembre ensanglante
La plaine morne et l'âpre arête des sierras
Et de la brume au loin l'installation lente.

Le Guadarrama pousse entre les sables ras
Son flot hâtif qui va réfléchissant par places
Quelques oliviers nains tordant leurs maigres bras.

Le grand vol anguleux des éperviers rapaces
Raye à l'ouest le ciel mat et rouge qui brunit,
Et leur cri rauque grince à travers les espaces.

Despotique, et dressant au-devant du zénith

Pages

Subscribe to RSS - French