Marine

L'Océan sonore
Palpite sous l'oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore,

Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,

Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs,
Va, vient, luit et clame,

Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.

Résignation

Tout enfant, j'allais rêvant Ko-Hinnor,
Somptuosité persane et papale,
Héliogabale et Sardanapale!

Mon désir créait sous des toits en or,
Parmi les parfums, au son des musiques,
Des harems sans fin, paradis physiques!

Aujourd'hui plus calme et non moins ardent,
Mais sachant la vie et qu'il faut qu'on plie,
J'ai dû refréner ma belle folie,
Sans me résigner par trop cependant.

Soit! le grandiose échappe à ma dent,
Mais fi de l'aimable et fi de la lie!
Et je hais toujours la femme jolie!

Prologue

Dans ces temps fabuleux, les limbes de l'histoire,
Où les fils de Raghû, beaux de fard et de gloire,
Vers la Ganga régnaient leur règne étincelant,
Et, par l'intensité de leur vertu, troublant
Les Dieux et les Démons et Bhagavat lui-même,
Augustes, s'élevaient jusqu'au néant suprême,
Ah! la terre et la mer et le ciel, purs encor
Et jeunes, qu'arrosait une lumière d'or
Frémissante, entendaient, apaisant leurs murmures
De tonnerres, de flots heurtés, de moissons mûres,
Et retenant le vol obstiné des essaims,

Poèmes Saturniens

Les Sages d'autrefois, qui valaient bien ceux-ci,
Crurent, et c'est un point encor mal éclairci,
Lire au ciel les bonheurs ainsi que les désastres,
Et que chaque âme était liée à l'un des astres.
(On a beaucoup raillé, sans penser que souvent
Le rire est ridicule autant que décevant,
Cette explication du mystère nocturne.)
Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE,
Fauve planète, chère aux nécromanciens,
Ont entre tous, d'après les grimoires anciens,
Bonne part de malheur et bonne part de bile.
L'Imagination, inquiète et débile,

L'éclatante Victoire De Sarrebruck

REMPORTÉE AUX CRIS DE VIVE L'EMPEREUR!

(Gravure belge brillamment coloriée, se vend à Charleroi, 35 centimes.)


Au milieu, l'Empereur, dans une apothéose
Bleue et jaune, s'en va, raide, sur son dada
Flamboyant; très heureux,--car il voit tout en rose,
Féroce comme Zeus et doux comme un papa;

En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste
Près des tambours dorés et des rouges canons,
Se lèvent gentiment. Pitou remet sa veste,
Et, tourné vers le Chef, s'étourdit de grands noms

Comédie En Trois Baisers

Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

--Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner, comme un sourire,
Sur son beau sein, mouche au rosier,

--Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire tris-mal
Qui s'égrenait en claires trilles,

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes,
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombillent autour des puanteurs cruelles,

Golfe d'ombre: E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides

Deux Soleils, Les

Celui qu'une noire tribu
De sauterelles accompagne,
Le vaillant roi Guillaume a bu
Quelques bouteilles de champagne.

Il rit. Pas de rébellion
Dans sa toute-puissante armée,
Et dans sa tête de lion
Monte la joyeuse fumée.

Héros que l'Épouvante suit,
Rêvant caruage et funérailles,
Il erre tout seul dans la nuit
A travers le parc de Versailles.

Et fier comme un dieu sur son char,
Il se voit, lui, faiseur de cendre,
Avec le laurier de César
Et la crinière d'Alexandre.

Amulett

Zerrisse dies gefeite Band
Und das darein geknüpfte Leben,
Es liegt in keines Geistes Hand
Die Macht, mir wieder eins zu geben.

So hat Gestirn mich wollen mengen:
Ich habs vor aller Welt voraus:
Die Würde, von dir abzuhängen,
Macht all mein Recht auf Dasein aus;

Die Sicherheit, die dich gewahrt,
Die, kaum gewahrt, sich nach dir richtet
Und, kaum gerecht, sich so dir paart,
Wie Lippe nichts von Lippe schlichtet,

Ich habe sie wie angeboren,
Sie stellt sich ohne Willkür ein;

St-Urbain

Les rochers la mer les maisons
Sont plantés tout le long de la plage
Avec des arbres
Mais je pense que le petit garçon chaque soir
Les remet dans leur boîte
Alors où vont coucher les habitants

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